Are you kidding me ? [Calliope]

Are you kidding me ?

Calliope & William

Douze heures de travail consécutives. En pleine nuit. J’ai très peu dormi la veille. Je dois être à plus de vingt-quatre heures sans sommeil et là, clairement, la fatigue se fait ressentir. Je viens de terminer mon service. Alors, qu’est-ce que j’attends pour rentrer chez moi ? Dans le fond, je n’en ai pas vraiment envie. Personne ne m’y attend. Saeed est avec sa mère cette semaine, pour la bonne et unique raison que mes horaires décalées foutent la merde. Alors avant de rentrer dormir, je décide d’aller me prendre un petit déjeuner. Mon estomac crie famine et je ne peux m’empêcher de penser que c’est une bonne chose. Vu l’état dans lequel je me trouve depuis près de deux mois, le simple fait d’avoir faim me donne l’impression de revivre un peu.

Je me suis arrêté au café le plus près de l’endroit où je me trouvais. Le Callie’s Café. Ce nom me dit vaguement quelque chose, mais mon état de fatigue m’empêche de réfléchir plus que nécessaire. Je vois des muffins et autres pâtisseries au niveau de la vitrine et c’est bien assez suffisant pour que je daigne ouvrir la porte. Déjà plusieurs clients sont présents, en train de prendre leur petit déjeuner. La joie du déconfinement. Je regarde l’heure à ma montre. Il est dix heures du matin. Je me dirige au niveau du comptoir et m’assied sur un des grands tabourets. Je jette un coup d’oeil à mon téléphone. Sarah vient de m’envoyer une vidéo de notre fils en train de faire de la peinture. Il en a partout : sur ses vêtements, sur son visage, sur les mains et la table en est bombardée. J’esquisse un fin sourire, à peine perceptible.

Bêtement, j’aurais aimé avoir un message de Solveig. Mais il n’y en a aucun, et moi non plus, je ne lui en envoie pas. Pour quoi faire de toute façon ? Je me déteste. Pourquoi je ne parviens pas à l’oublier ? Souvent, je me demande ce qu’elle a de si exceptionnel pour que je sois si amoureux d’elle. Mais, quand je me pose cette question, je serais capable de lister des centaines de raisons pour lesquelles je suis fou d’elle. Et pourtant, tout autant de raisons pour lesquelles, à elle seule, elle est capable de me détruire. Putain, je suis exténué et les cernes de mon visage doivent me donner des airs de Droopy.

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ft. Callie & Will.

- Oh ma petite Callie, je ne pensais pas vous revoir si vite ! me dit Gertrude, la fameuse petite grand-mère d’origine Française qui vient depuis le premier jour. Quel n’est pas mon soulagement de voir que ce petit bout de femme a tenu bon face à une épidémie aux conséquences parfois terribles. « Comment vous sentez-vous ? »
- Je vais très bien, je vous remercie. Les nuits sont courtes comme vous pouvez l’imaginer.
- Comment va-t-il ? A-t-il un petit nom ?

Je souris, rien qu’en pensant au minuscule individu qui doit dormir paisiblement à l’appartement ou, autre scénario, faire vivre un véritable cauchemar à Lothar, l’équivalent d’un meilleur ami pour Thomas. Le British ne trouve pas tout à fait normal que je laisse le bébé à la maison avec lui pour retourner travailler. Il ne comprend tout simplement pas l’importance qu’a le Callie’s Café dans ma vie. Cela reste mon premier bébé.

- Jaime et il va très bien, dis-je sans plus de cérémonie.

Le principal intéressé n’en revenait pas lorsque je lui ai annoncé comment j’avais décidé d’appeler mon fils. Je pense qu’après tout ce qu’il a fait et fait encore pour m’épauler, je lui devais bien cela. Thomas ne saura jamais la raison qui m’a poussé à choisir ce prénom pour notre fils et c’est mieux ainsi. Il n’a même pas encore pu voir son enfant à cause de l’épidémie et je me demande quand je vais pouvoir le faire. Lothar ne cesse de me répéter qu’il va falloir que je demande un parloir et je le sais. J’ai juste peur de le voir, j’imagine. Notre dernière entrevue commence à dater maintenant et j’ai peur de ne plus quoi savoir lui dire. Tant de choses se sont produites, des choses pour lesquelles il n’était pas là parce qu’il a préféré continuer sur la voie de l’illégalité plutôt que celle de la droiture, à mes côtés.

- C’est un joli prénom, je suis sûr que c’est un ange.
- Il en deviendra peut-être un quand il fera ses nuits.

La vieille femme laisse échapper un rire tandis que j’entends un nouveau client arriver. Mes yeux pourraient presque sortir de leur orbite quand je réalise qui vient de faire irruption au Callie’s Café.
Je remercie encore Gertrude pour sa gentillesse tandis qu’elle me propose de coudre une petite couverture pour Jaime. Puis, je reprends mon travail et, non sans mal, me dirige vers la table où l’homme s’est installé. Les tables ont été éloignées les unes des autres pour respecter au mieux la distanciation sociale mais tout reste très compliqué.

- Bonjour ? Les commandes se prennent au comptoir, Lieutenant O’Connor.

Même si j’ai mille choses à penser en même temps, impossible pour moi celui qui a arrêté le père de mon fils.

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Spoiler:

Are you kidding me ?

Calliope & William

"Lieutenant O'Connor". Je lève aussitôt les yeux. Je me demande qui peut m'appeler lieutenant, là, ici, de si bon matin. Là, mes yeux bleus se posent sur une jeune femme d'une trentaine d'années. Cheveux châtains. Yeux bleus. Des traits qui semblent être ceux de quelques origines d'Amérique du Sud. Je l'ai déjà vu. Je cherche à me souvenir de l'endroit et du moment. Comme je suis d'un naturel physionomiste, ce qui est utile dans un métier comme le mien, je ne tarde pas à rassembler les pièces du puzzle. Calliope Winshop. La femme qui, il y a quelques mois de cela, était enceinte de plusieurs mois. La femme dont j'ai arrêté le père de cet enfant, qui, visiblement, semble né. OK William, tu as choisi l'endroit idéal pour prendre un petit déjeuner.

Elle doit me haïr. Pourtant, le ton de sa voix n'est pas foncièrement agressif. Je ne la quitte pas des yeux. Elle doit comprendre à l'instant que moi aussi, je l'ai reconnue. Maintenant que j'y repense, oui, elle tient un café. Je me souviens l'avoir interrogé, il y a quelques mois de cela. Procédure obligatoire quand on arrête le compagnon pour des affaires illégales, ne serait-ce que pour s'assurer que Madame n'est pas complice.

- Excusez moi., lui répondis-je par rapport à la commande. Je n'ai clairement pas l'énergie nécessaire pour chercher à savoir où se prend la commande. Je repose mon regard instinctivement sur son ventre qui, quelques mois plus tôt, était rond. J'imagine que ce n'est pas d'une grande politesse et je suis la dernière des personnes qui pourraient se permettre de poser la question, mais je ne parviens pas à me retenir.

- Comment va le bébé ?

Elle pourrait très bien me répondre un truc du genre " Comme un bébé qui n'a pas son père". Je le mériterais, mais je ne regrette pas d'avoir arrêté cet homme. Je n'ai fait que mon travail. Je me dis que ma question est déplacée mais elle n'a aucune arrière pensée. Je suis moi même père, et je me souviens avoir eu de la compassion pour cette femme qui voyait l'homme qu'elle aime finir en prison, alors qu'elle espérait pouvoir fonder une famille normale.

Je me souviens également d'un autre petit garçon. Quand on traque un homme, on apprend le maximum de choses à son sujet. Y compris de ceux qui partagent sa vie.

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ft. Callie & Will.

Je sais que beaucoup – comme Lothar – voudrait que je me montre plus virulente à l'égard de l'homme qui vient d'arriver au Callie's. Mais je n'en ferai rien. Ça ne sert à rien. Pas alors qu'il a fait ce qu'il avait à faire. Je me souviens encore des soirées que je passais avec Thomas en le suppliant de passer à autre chose, de remballer les affaires et de vivre une autre vie. Il refusait à chaque fois. Au fond de moi, je savais très bien comment ça allait finir. C'est aussi pour cela que j'ai toujours refusé de connaître les détails, préférant ainsi rester dans le fou. Je ne voulais pas être mêlée à toutes ces conneries. Au final, c'est moi qui avait raison. Bien-sûr, j'aurai aimé que les choses se passent autrement mais c'est impossible. Thomas se pensait au-dessus de la Loi en payant bon nombre de représentant de celle-ci mais je savais que ça finirait par lui coûter cher. Très cher. Trop cher.
Thomas ne verra pas grandir ses enfants. Jaime ne porte pas son nom. Brayon non plus et moi encore moins. Je n'aurai pas le plaisir de vieillir avec l'homme que j'aime parce qu'il a fait des choix de vie qui ont tout ruiné.

- Il va bien, merci.

Suis-je censée lui faire la conversation ? Pas sûr que j'en ai la force. Même s'il a fait son devoir, je ne vais pas lui claquer la bise non plus. Moi, pourtant d'une nature si gentille et généreuse, je ne me pense pas capable de faire ça.

- Qu'est-ce que vous prenez ?

Maintenant qu'il est ici, autant que je prenne sa commande directement. On dira que je fais une entorse à mon propre règlement à cause d'un flic. Après tout, je ne suis plus à cela prêt. Du moins, j'imagine...
C'est sans stylo ni papier que je prends sa commande. J'ai une bonne mémoire. Je retourne ensuite derrière le comptoir et prépare le tout. J'espère qu'au moins, il ne va pas me contrarier vis-à-vis des mesures drastiques à prendre concernant l'après confinement. Je ne suis pas sûr d'être d'humeur pour ça.

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Calliope & William

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde plus que ce qu'elle vient de faire. Alors on pourrait se demander pourquoi je lui ai posé cette question. Non, je ne cherche pas à tendre le bâton pour me faire battre. Je veux juste lui montrer que je reste quelqu'un d'humain, et pas un simple connard de flic qui l'a empêché de fonder sa famille. Pendant cette affaire, j'ai réellement ressenti de la compassion pour cette jeune femme qui, enceinte jusqu'aux dents, propriétaire d'un café et mère d'un fils adoptif, a su garder la tête haute et accepter chacune de saloperies qui lui tombait dessus. Elle est tombée sur la mauvaise personne. Son âme sœur s'est révélée être celui qui la ferait souffrir. A croire que nous avons ce point commun.

Lorsque je lui réponds, c'est uniquement lorsqu'elle me demande ce que je veux commander. J'aurais pu lui rappeler que la commande ne se prend pas à table, mais je préfère éviter de me faire assassiner sur place avant de pouvoir profiter d'une bonne nuit de sommeil. Je tourne la tête autour de moi. Je sens que les gens ici sont des habitués et qu'ils connaissent la carte par cœur, ce qui n'est pas mon cas. Et comme je n'ai pas envie de l'embêter, je me contente de lui demander un café avec du lait, avec un muffin. Ça fera l'affaire.

Je la suis du regard tandis qu'elle se dirige derrière le comptoir. Puis je me perds à nouveau dans mes pensées. Je fixe mon téléphone. Et je me demande si je dois vraiment laisser tomber l'affaire. Je suis malheureux comme les pierres et si… et si Sol attendais que je revienne la conquérir ? Et si je lui expliquais que j'en ai rien à foutre de ne pas vivre sous le même toit qu'elle, que je suis prêt à toute accepter, à faire une croix sur une famille, une vie commune, une vie de couple comme celle des autres, uniquement parce que je l'aime ? Et si finalement, l'amour faisait tout ?

Et si, au contraire, Solveig m'avait déjà oublié ? Si elle était déjà amoureuse de ce type ? Si la simple hypothèse où nous pourrions nous remettre ensemble l'écœurait ? Et si elle n'en avait plus rien à foutre ? Si elle n'en avait jamais rien eu à foutre ?

Des questions totalement différentes qui s'entrechoquent dans mon esprit. Je suis perdu. La seule chose dont je suis certain, c'est que je ne parviens pas à imaginer ma vie sans elle, et que chaque moment passé loin d'elle me donne l'impression qu'on me plante des aiguilles dans le cœur et les veines. Et cette fatigue qui n'arrange rien...

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ft. Callie & Will.

Je me retiens de lever les yeux au ciel quand j'entends l'homme me demander un café et un muffin. On voit qu'il ne connaît pas ma carte, celui-là. Je me contente d'acquiescer et de lui dire que ça sera prêt d'ici quelques minutes, ce qui est vrai. Il ne me faut pas vingt minutes pour servir un æblemuffin et un café noir. Ou alors je suis vraiment devenue une très mauvaise gérante de café.
Quand je finis par lui apporter le tout, je constate que l'homme est plongé dans ses pensées et qu'il a vraiment l'air désarçonné.

C'est non Callie, il a arrêté Thomas. Tu ne vas pas aller le réconforter maintenant.

Ma conscience et moi, on s'entend généralement très bien mais aujourd'hui, je fais comme si je n'en avais pas. Oh, je le regretterai probablement, là n'est pas la question. Mon instinct prend finalement encore le pas sur tout le reste, même sur le fait que l'homme à qui je m'apprête à parler est celui qui a mis Thomas derrière les barreaux.

- Tenez, dis-je tout d'abord. « Il est noir. Vous semblez en avoir besoin. »

J'ai bien conscience que mon comportement va lui sembler étrange mais c'est qui je suis. Au fond, même s'il a fichu ma vie en l'air, je sais qu'il l'a fait pour les bonnes raisons. Thomas n'est pas une bonne personne et que cela me plaise ou non, c'est la vérité. Il a fait beaucoup d'erreurs et a causé beaucoup de malheur autour de lui. Je me refuse à penser à toutes les atrocités qu'il a pu commanditer.

- Et pour la pâtisserie, c'est à la pomme. Une spécialité danoise.

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Calliope & William

Je sors de mes pensées et lève les yeux vers la jeune femme quand elle m’adresse la parole en déposant devant moi un café ainsi qu’à ce qui ressemble à un muffin. Elle précise que j’ai l’air d’en avoir besoin. Un peu gêné, je me contente de lui adresser un fin sourire et de hocher la tête. « Merci, c’est gentil. » J’ai le sentiment qu’elle s’est adoucie. Non pas qu’elle a été désagréable avec moi, loin de là, mais on sentait un semblant de tension dans la mesure où j’ai mis l’homme qu’elle aime derrière les barreaux. Bon d’accord, dit comme ça, ça ne se comprend que trop bien.

Lorsqu’elle me parle du muffin, je baisse les yeux dessus. Une spécialité danoise ? Mon visage vient de se décomposer. C’est une blague. Nous sommes aux Etats-Unis, et bien que le muffin soit originaire du Royaume-Uni, il est surtout répandu ici. Alors pourquoi faut-il que je me retrouve à devoir bouffer une spécialité danoise ? Je déteste les danois. Bon, je n’ai rien contre les danois. Je ne peux juste pas encadrer celui qui se tape la femme que j’aime. Ça aussi, ça se comprend, non ? Néanmoins, je le goute, en espérant que ce soit dégueulasse. Mais non, forcément, c’est excellent, et ça me rend fou. Je hausse les sourcils, et demande, comme si je me posais la question à moi-même : « Sinon, il y a des choses pour lesquels les danois ne sont pas bons ? » Ba non, forcément, ils sont trop forts les danois !

Je me rends compte que ma question doit être incompréhensible pour la jeune femme, puisqu’elle ne s’est contentée que de m’apporter un muffin et un café. Comment avoir l’air complètement taré. Dans le fond, je le suis certainement un peu. Mais je n’ai pas forcément envie qu’elle s’en rende compte, là, en seulement cinq minutes de temps.

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Autant dire que je ne m'attends pas du tout à la réaction de l'homme qui semble en avoir gros contre les danois, chose que j'ai du mal à comprendre. A-t-il connu quelqu'un de cette nationalité lui ayant fait des misères ? Tant de questions se bousculent subitement dans mon esprit. J'ai maintenant bien évidemment besoin de comprendre ce qu'il se passe et pourquoi l'inspecteur en a contre un peuple que j'affectionne tout particulièrement.

- Je...j'imagine, oui. Pourquoi ?

Même si j'ai conscience que j'aurai pu ignorer sa question, je n'en fais rien. C'est du grand moi, j'ai besoin de toujours en savoir davantage, surtout lorsque cela concerne les êtres humains que je fréquente de près ou de loin. J'ai toujours été comme ça, avec ce besoin fou d'en savoir plus sur ce que peuvent ressentir les autres et pourquoi ils ressentent ces choses. J'aurai probablement dû finir psychologue mais je n'ai jamais eu très envie de poursuivre de longues études. Mes études en langue anglaise me suffisaient, elles me rendaient heureuse même si je savais qu'elles ne me seraient jamais d'une grande utilité. Tout le monde sait aujourd'hui que les seules études qui comptent sont celles qui amènent aux meilleurs jobs. C'est malheureux mais c'est une réalité.

- Vous avez un problème avec les danois ?

Évidemment que j'aurai dû la boucler mais, après tout, c'est bien cet homme qui a commencé en se pointant dans mon café, non ? S'il n'était pas venu ici, nous ne serions pas en train de vivre ce que nous vivons à l'heure actuelle.

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Calliope & William

Je suis surpris de voir que cette jeune femme relève ma question qui, en soit, est complètement stupide. Je n’ai rien contre les danois, et fort heureusement, je n’irais pas haïr un peuple uniquement à cause d’une seule personne. Seulement, entendre parler de spécialités danoises me rappelle que la femme que j’aime est avec l’un d’eux et qu’elle ne me reviendra probablement jamais. Oui, je broie du noir à un tel degré que ça en devient pathétique. Je relève les yeux vers Winshop et la dévisage un instant.

- Non, j’ai davantage un problème avec un danois en particulier. Celui avec qui mon ex-compagne a décidé de refaire sa vie, visiblement.

Car oui, c’est bel et bien le cas, n’est-ce pas ? J’ai l’impression qu’elle lui a déjà offert plus en deux mois que ce qu’elle m’a offert en deux ans. Ça aussi, c’est pathétique, n’est-ce pas ? Comme être en train de se livrer de la sorte à une femme que je ne connais pas, et dont j’ai ruiné la vie amoureuse, qui plus est. Je suis vraiment le dernier des abrutis. Entendre parler de mes déceptions amoureuses doit bien être la dernière chose dont elle a envie, venant de moi. Je ne serais même pas étonné qu’elle me réponde quelque chose du genre « Vous vous foutez de ma gueule ? ». Dans le fond, je le mériterais.

- Excuse-moi, je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça. Je viens de finir le boulot et je suis complètement rincé. Je ne sais plus ce que je dis.

Et effectivement, le manque de sommeil commence à avoir des conséquences particulières sur mon comportement et mon moral. Je parviens difficilement à faire une nuit correcte en quelques jours. Mais j’espère bien qu’après cette nuit de travail, après ce café et cette délicieuse spécialité danoise de merde, je vais finir par parvenir à trouver le sommeil.

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ft. Callie & Will.

J'ai très envie de lui répondre « un partout, balle au centre » mais je me retiens parce que je ne suis pas ce genre de personne. Et puis, je ne connais pas la vie privée de cet homme donc je n'ai pas à la juger. Quoique même si je la connaissais, je n'aurai pas pour autant le droit de la juger.
Puisqu'il n'y a personne pour l'instant qui a besoin de quoique ce soit, je décide de prendre place à la table de l'inspecteur sans même lui en demander l'autorisation. Quitte à me faire engueuler gratuitement ou presque, je préfère encore être assise pour entendre ce qu'il a à dire. Après tout, avec un petit peu de chance, ce sera intéressant.

- Étrangement, j'ai l'impression au contraire que vous savez très bien ce que vous dîtes, réponds-je en croisant les bras contre une poitrine qui me fait un peu moins mal que ce matin.

On en parle pas beaucoup des poitrines douloureuses post-accouchement, j'imagine que ce n'est pas suffisamment glamour pour être évoquer dans les livres ou les magazines.

- Alors comme ça, votre ex est avec un danois...

Bon d'accord, cette fois, c'était un peu gratuit de ma part mais ça ne lui fera pas de mal de l'entendre dit par quelqu'un d'autre. Comme ça, il réalisera – si ce n'est pas déjà fait – qu'il m'a plus ou moins mise dans la même situation que celle dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Sauf que dans mon cas, Thomas n'a pas préféré la prison à moi, il n'a pas eu le choix. La compagne de l'inspecteur par contre...

- Ecoutez, je pourrais vous lâcher toutes les infamies du monde mais je ne suis pas comme ça. Je sais pourquoi vous avez arrêté Thomas et vous avez eu raison de le faire. Quelqu'un devait arrêter tout ça et vous en aviez le pouvoir.

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