Tu grimaces. Tu peines à ouvrir les yeux sans avoir l’impression d’être dans un chantier où des coups de marteau sont assignés directement dans ton crâne. Tu portes doucement tes phalanges sur tes tempes dans le but de les masser un peu mais ça ne résout aucun problème. Tu as toujours mal en plus d’être victime de nausées. Tu sais ce qui cloche chez toi. Tu n’es pas malade Ishtar. Tu n’es pas enceinte non plus, tu as juste un peu trop fait la fête la veille. Pour expliquer la situation, tu es chez Drey depuis le début du confinement. Après l’épisode fâcheux avec ton père, tu n’as plus quitté l’endroit, trouvant un semblant de paix quand tu es avec lui. Seulement, tu n’as pas désiré laisser ta soeur toute seule ça, c’est hors de question. Alors que tu t’apprêtais à partir chez toi, Drey t’avait fait une proposition ; proposer à Alaïs de venir, après tout, les lieux sont très spacieux et il y a plusieurs pièces que vous pouvez aménager pour l’occasion. De son côté Alaïs avait proposé d’inviter une “amie”, une blonde au nom de Quinn-Rose. Tu la connais évidemment. Elle est strip-teaseuse au Pussycat et visiblement, elle a beaucoup d’affinités avec ta soeur ce qui te plait plutôt beaucoup. Tu as rêvé du jour où tu vois ta frangine accorder son attention à d’autres personnes que toi-même. A s’ouvrir un peu au monde qui l’entoure, à ne pas rester dans sa bulle. Tu es contente aussi de voir que Drey s’entend bien avec ta soeur, eux qui, à un moment donné, ils étaient comme un chat et une souris. A se chamailler, comme s’ils cherchaient à se tester mutuellement. Finalement, cette pandémie avait du positif, la preuve avec la soirée que vous avez organisé ; alcool et herbe au rendez-vous. Et c’est connu, le breuvage délie les langues et pas qu’un peu. En effet, Drey avait balancé le sujet de ton père sur le tapis, racontant le soir où tu as débarqué chez lui en panique. De son côté Quinn-Rose avait parlé de photos de charme, la personne dessus n’était autre que ta soeur. Ils avaient étalé les événements en riant, trouvant cela hilarant et faut dire que vous les Tucker, vous avez fait exactement la même chose, riant aux éclats. Maintenant tu ris beaucoup moins car si de ton côté tu as caché la venue de votre père à ta soeur, elle aussi a fait la même chose. Avec beaucoup de difficulté, tu te lèves et sors de la chambre en essayant de ne pas faire de bruit et ne pas réveiller Drey. Tu ignores l’heure et sincèrement, tu t’en fous. Tu as besoin de boire de l’eau et prendre un cachet. Tu ne travailles pas depuis une semaine. Faut dire que la pandémie a ralenti le taux de criminalité à New York. Tant mieux, ça te fait des vacances. Tu arrives dans la cuisine et tu poses tes fesses sur une chaise en prenant ta tête entre tes mains après avoir avalé deux verres d’eau ainsi qu’un truc pour alléger tes maux. Maintenant, il faut juste attendre que ça fasse effet. Quand tu entends du bruit, tu lèves les yeux non sans grimacer à cause de la douleur ; ta soeur est là et visiblement elle se retrouve dans le même état que toi. « Tiens, bois ça. » Tu lui donnes un comprimé et tu fais sortir des oeufs du frigo. Tu vas préparer le petit déjeuner mais avant cela, tu lances la machine à café, vous en aurez bien besoin.   « On a pas mal abusé la veille hein ? » Mais maintenant que t’y penses, à part l’épisode fâcheux des révélations, vous vous êtes plutôt amusés. Tu te rends juste compte de devoir des explications à ta soeur tout comme elle doit la faire la même chose avec toi. Pour l’instant, tu as besoin de calmer tes souffrances crâniennes en versant du café dans deux grands mugs. Tu tends l’un d’eux à Alaïs et tu commences à préparer les oeufs.        

Ce confinement, vous ne l’avez sans doute pas vu venir, mais toi, Alaïs, tu aimes beaucoup ce qu’il entraîne. Ta soeur et toi ne travaillait plus depuis quelque temps, ce qui vous permet de vous retrouver, mais si on t’avait annoncé que pour que cela soit le cas tu devrais la partager avec son mec tu n’es pas sûr que tu ne l’aurais cru. Tu avais beau avoir pleinement conscience de cette alchimie entre ta soeur et le boxeur, tu dois avouer que tu n’aurais jamais pensé qu’ils finiraient par s’avouer leurs sentiments respectif. Ta soeur a toujours eut du mal à accorder sa confiance à un homme, et pour cause, elle n’a pas vraiment eut de bon exemple masculin dans sa vie. Mais tu savais aussi très bien que Drey était exactement le genre de mec qui cours après tout ce qui bouge sans prendre en compte les sentiments des personnes qui croisent sa route. Pourtant, il a toujours prit soin de ta soeur, et rien que pour ça tu ne peux faire autrement que de l’apprécier. C’est sans doute pour ça que tu as accepté de passer ce confinement chez le boxeur. Il faut dire qu’il a bien assez d’espace pour que tout le monde vienne profiter de ce temps “off” chez lui, et que l’espace réservé à la pratique de la boxe t’attire plutôt pas mal, alors avoir le droit à quelque cours avec un pro en plus, tu ne dis pas non. Au moins ça te défoule, et tu en apprend toujours un peu plus sur le jeune homme qui semble plus qu’accroc à ta soeur ce qui n’est pas pour te déplaire. Quoi qu’il en soit, être la troisième roues du carrosses ne t’intéressant pas plus que ça, même si les tourtereaux ne t’ont jamais fait sentir comme “de trop” tu n’as pu t’empêcher d’utiliser cette excuse pour attirer Quinn-Rose dans cette colocation improvisé, et même si elle ne peut rester avec vous h24, tu apprécies vraiment le temps passer avec la blonde. C’est d’ailleurs ce qui vous a amené dans cet état de débauche intense la veille, à profiter de cette soirée tous les quatres avec alcool et plus encore pour mettre un peu plus d’ambiance et délier les langues. Quelques secrets ont alors été dévoilés et pas des moindres. Si sur le coup cela vous a tous fait rire tellement vous étiez tous défoncés, aujourd’hui, alors que tu te réveilles avec le mal de crâne qui suit ce genre de soirée, la tête clairement dans le cul, et l’esprit totalement embrumé, ces souvenirs là sont quelque peu douloureux. Tu t’en es toujours voulu de ne jamais avoir parlé de tout ce que tu as dû faire pour gagner de l’argent lorsque vous étiez gamine pour votre survie, et le fait que ça sorte de cette façon là face à ta soeur t’embête réellement beaucoup, ou peut-être est-ce tout simplement le fait qu’elle ait finit par l’apprendre tout cours. Tu ne sais pas trop, mais vu la douleur que tu ressens en te disant qu’elle n’a pas eut le courage de te parler de la venue de votre père, certainement pour ne pas t’inquiéter te fait te dire qu’elle doit très certainement ressentir la même chose en apprenant tes secrets à toi. Vous vous étiez promis de ne plus vous cacher quoi que ce soit, et tu sais très bien que vous avez tenu cette promesse l’une comme l’autre, mais lorsqu’il s’agit de sujet aussi douloureux, alors votre besoin de protéger l’autre prend le dessus, et vous finissez alors par vous trahir et vous faire du mal sans le vouloir. Ce n’est pas nouveau entre vous, et dans le fond c’est assez drôle de voir à quel point vous avez cette mauvaise manie de penser que l’autre ne sera pas assez forte pour supporter vos erreurs, vos defaut, vos problèmes. Ishtar et toi, vous vous ressemblez bien plus qu’il n’y parait, et vous vous connaissez aussi sans doute un peu trop, la preuve lorsque tu arrives dans cette cuisine avec l’envie de mettre des lunettes de soleil sur tes yeux bleus alors que vous êtes à l’intérieur à l’abris du soleil, et que tu trouves ta soeur qui te tend un cachet et tout le nécessaire pour te remettre un minimum d'aplomb avant d’affronter cette discussion que vous allez devoir avoir toutes les deux. Tu laisses enttendre un petit rire à sa remarque, parce qu’abuser est le moins qu’on puisse dire, mais il faut avouer que le fait de vous laisser aller de la sorte n’est pas quelque chose que vous faites très souvent chez les Tucker, et tu ne peux nier que tu as tout de même vraiment très apprécié cette soirée à quelque exceptions prêt. Tu attrapes avec grand plaisir la tasse de café qu’Ishtar fait glisser devant toi alors que tu gromeles un merci par forcément très intelligible. Tu t’assois sur une chaise haute prêt de l’ilôt de cuisine, observant ta petite soeur préparer le petit dej, sourire aux lèvres. Aussi jeune que vous ayez pu être lorsque vous vous êtes retrouvé livrées à vous même, le petit déjeuner est le repas de la journée, et sans le seul, que vous n’avez jamais loupé, ce repas que vous avez toujours pris ensemble, que vous savez préparer à la perfection l’une pour l’autre, et aujourd’hui de voir ta soeur aussi à l’aise dans cet espace qui n’est pas votre chez vous te rend nostalgique. Le fait que la brune travaille dans le FBI fait que vous vous voyez beaucoup moins déjà, mais depuis que le boxeur et elle ont accepté la réalité de leur relation, la tatouée qui se trouve devant toi passe aussi beaucoup de temps dans cet endroit, et depuis les quelques jours que tu es là, tu vois très bien pourquoi. Cela a beau être une grande salle de sport prévu pour la boxe, Ishtar et lui ont su en faire un lieu où on se sent bien, où on a envie de venir, et tu sais très bien de par les explications de ta soeur que c’était l’effet voulu, que tous ces jeunes défavorisés ait un endroit sûr où se réfugier avant de finir dans des histoires de merdes. Mai s au moins, tu sais que ta soeur est bien là où elle est, et c’est tout ce qui compte pour toi. Elle finit la préparation des oeufs sans que tu n’ait réellement prononcé le moindre mot, pas parce que tu n’as pas envie ou parce que tu ne sais pas quoi dire, mais parce qu’ouvrir la bouche au réveil n’est pas quelque chose de très facile pour toi, du moins pas tant que tu n’as pas bu un peu de café, ce que tu t’appliques à faire d’ailleurs. Ishtar te sers ton assiettes avant de venir s’assoir à tes côtés, mais une fois qu’elle eut posé son assiette sur la table, tu ne pu faire autrement que tendre le bras pour attraper le sien et l’attirer contre toi, et ainsi réclamer un calin. Vous avez certes beaucoup de chose à vous dire, mais tu as besoin de ça avant de te lancer là dedans, parce que c’est ta petite soeur soeur, ton tout, et que de savoir qu’elle a dû affronter la présence de celui qui lui a fait tant de mal sans que tu ne sois là pour elle te fait de la peine. Tu sais que je t’aime hein ? Biensûr qu’elle le sait, tout comme tu sais qu’elle t’aime aussi, ce n’est d’ailleurs pas une vrai question, juste une affirmation comme pour montrer que malgré à la conversation qui vous attends, tu n’as aucune rancoeur ni même de colère envers elle. Tu la laisses prendre place après l’avoir serrer très fort contre toi, et tu prends une bouché de ce repas qu’elle vient de vous préparer. Tu sais, pour les photos… C’était il y a vraiment très longtemps, tu n’as pas à t’en faire pour ça… Tu minimises les choses, tu en as conscience, mais tu ne mens pas pour autant, cela date et surtout, même si tu as fait pire que ça et que tu as conscience de devoir parler de ça aussi, ça n’a plus vraiment d’importance aujourd’hui, du moins, tu l’espères...