Lorsque l’on quittait le monde réel, notre imagination avait une totale liberté. Dans ce songe, Nikola devenait un éminent professeur à l’école de sorcellerie de Poudlard. Professeur de défense contre les forces du mal adulé et adoré par ses élèves, il arborait un comportement bien différent ce qu’il pouvait montrer à l’extérieur. Ici, seuls ses bons côtés ressortaient, son inconscient préférant ne montrer que le positif. Après tout, c’était plus simple et plus intéressant n’est-ce-pas ? Dans les couloirs de l’école, le russe se surprenait à s’y sentir à sa place. Il n’aurait pu rêver mieux comme endroit. Ancien serpentard, il représentait la fierté de cette ancienne maison dont il avait laissé une trace indélébile. Lui aussi avait arpenté ce lieu en tant qu’élève, alors, il ne pouvait que comprendre l’état d’esprit des plus jeunes et parfois les enviait. L’insouciance enfantine paraissait si loin pour lui, encore plus depuis que tous savaient que Voldemort était revenu lors de la Coupe de feu. Le Tournoi des Trois sorciers s’était achevé avec une tragédie, la perte d’un élève, tué par le Seigneur des Ténèbres. Beaucoup demeuraient sceptiques quant aux paroles d’Harry Potter. Nikola était de ceux qui le croyait, pourquoi chercherait-il à mentir après tout ?

Le Ministère de la Magie cherchait à étouffer le retour de son pire ennemi, se complaisant dans le déni. La salle de classe commençait à se remplir des dernières années, tandis que le professeur préparait son bureau, ou du moins le poussait afin d’avoir plus de place. Il faisait beaucoup de pratique lors de ses cours, la théorie n’était qu’une perte de temps à ses yeux. Une fois tous les étudiants installés, il débuta alors.

« Bonjour à tous. Aujourd’hui nous allons voir ce qu’est un Epouvantard, quelqu’un dans la pièce peut m’en parler ? »

Ses opales se posèrent sur une silhouette visiblement endormie, dans le fond. S’approchant, il frappa sur son bureau afin de la tirer de son sommeil, non sans un sourire diabolique à l’idée de la réveiller aussi brutalement.

« Miss Jerdeva peut-être ? »

« Dépêche-toi, tu vas encore être en retard. » Vague signe de la main adressé à sa camarade de chambre, elle fourre une tartine de pain dans sa bouche en se levant de son banc, prête à quitter la Grande Salle. Elle a pas l’allure d’une étudiante modèle, sans doutes parce qu’elle ne l’est pas. Jupe trop courte, chemisier laissé entrouvert, cravate dénouée, c’est normal pour elle d’être ainsi, c’est tous les jours pareil. On ne peut pas dire que ses études soient le plus important pour la jeune Serpentard, elle qui préfère improviser des soirée dans la salle commune de sa maison plutôt que de réviser pour l’interrogation qu’elle pourrait avoir le lendemain. Comme elle a pu le faire la veille d’ailleurs, preuve en est des quelques cernes restantes sur son visage malgré l’usage de la magie pour paraître fraîche comme au premier jour. Beaucoup de ses camarades pensent que si elle agit ainsi c’est pour cacher qu’elle a peur de ce qui se passe dehors, de qui est de retour, pour le meilleur comme pour le pire. Mais la réalité est bien qu’ils ne comprennent pas et ne pourront jamais comprendre. Lyudmila n’a pas peur, elle n’aura jamais peur parce qu’elle a le sang-pur, que cette guerre qui se prépare à l’extérieur ne la concerne que pour les bons côtés qu’elle apporterait au monde. Mais ça, évidemment, elle ne le dira pas, elle ne le peut car on ne la comprendrait pas. Il n’y a qu’une poignée de personne à Poudlard qui partage ce point de vue et ces personnes, il faut encore les trouver, un détails bien plus difficile qu’elle ne l’aurait cru. La peur, principale cause du silence des gens, cause légitime, la dernière fois, il y a eu un mort chez les étudiants de l’école de sorcellerie alors prudence est devenue la meilleure amie de tous. Elle ne fait pas exception Mila, la différence que la prudence pour elle se résume à se comporter aussi naturellement que possible, ne pas changer ses habitudes pour ne pas éveiller de quelconques soupçons quant à son allégeance. Raison pour laquelle elle se met immédiatement dans le fond de la salle, sa pile de livres sur le bureau, sa tête qui se pose dessus. Voilà comment elle passe ses cours, celui-ci ne faisant pas exception, à quoi bon. Elle ferme les yeux, elle ne dormira pas parce que ça lui retombe toujours dessus quand elle a le malheur de s’assoupir, c’est pas pour autant qu’elle va participer. Mais elle écoute, sait-on jamais. Epouvantard, elle soupire, c’est d’un ennui qu’elle aurait sans doutes eu mieux fait de rester coucher pour la matinée, se rendre à l’infirmerie pour avoir un mot et que tout se passe pour le mieux. C’est peut-être pas trop tard, elle pourrait peut-être s’éclipser. Ou peut-être pas. Bruit sourd qui résonne à son oreille, son nom de famille prononcé avec un terrible accent anglais qui la fait grimacer. Elle a assez souvent repris les professeurs là-dessus pour finir par abandonner, ils ne comprennent jamais rien. Décidée à faire l’emmerdeuse, naturellement évidemment, elle se redresse et s’avachit contre le dossier de sa chaise, jouer avec sa plume entre ses doigts. « Hum… c’est ce que vous voyez chaque matin dans votre miroir tellement vous faites peur à voir au réveil ? » Elle ne saura jamais être une élève modèle, ça ne lui ressemble pas, tous le savent, élèves comme professeurs.