Tu l’as dit. Tu as laissé à tes lèvres le soin de transmettre les émotions qui sommeillent en toi depuis des mois voire des années. Maintenant que t’y penses, tu n’as jamais considéré Drey comme un simple mentor ou un homme de passage dans ta vie. Dès le premier jour, il a pris une place importante dans ton quotidien. Il a été ton sauveur, ton coach et ensuite un ami de longue date. Même si les aléas de ton existence avait fait en sorte de vous éloigner pendant des années, tu n’as jamais arrêté de penser à lui, de te demander ce qu’il fait, s’il se porte bien, si aucun malheur ne lui ait arrivé. Tu l’as ensuite vu sur le ring international, un tableau qui t’a tout de même rassuré et donné envie de le retrouver. Tu te rappelles encore de cette soirée où tu l’avais revu. Il t’avait à peine reconnu même si tes traits n’avaient pas totalement changé. T’avais juste grandi, devenant une jeune femme confiante et sûre d’elle. Dire que depuis ces retrouvailles, tu n’as plus jamais désiré perdre sa trace, t'immisçant petit à petit dans son train-train quotidien. Tu as perdu le pari Ishtar et pourtant à cet instant, cette affirmation ne te fait ni chaud ni froid. Ce pari était ridicule parce que tu n’as jamais été insensible ou indifférente à Drey. Dès le départ, tu savais pouvoir perdre à tout moment et concrètement, tu n’as rien perdu. Tu as gagné un homme en or à tes côtés, ça compense tout le reste. Alors que tu reprends tes activités d’infirmière sur ses plaies, tu ressens une pression sur ta taille, t’obligeant à te redresser pour prendre place sur ses genoux. C’est vrai que quelques secondes plus tôt, t’avais ressenti le regard insistant de Drey sur toi. Que va-t-il te dire là ? Va-t-il réduire en silence tes sentiments pour lui ? Tu sais par avance que tu n’entendras jamais les mots que tu veux entendre de sa part. Tu connais Drey, tu connais sa façon propre à lui d’avouer ses ressentis et à cet instant, tu lis quelque chose que tu n’as jamais lu dans son regard ; de l’amour. Ses gestes, le voile dans ses prunelles, sa douceur quand il approche tes lèvres des siennes. Tu ne rêve pas Ishtar, il partage bel et bien tes sentiments et ses paroles le prouvent. La femme qui hante ses pensées. Jours et nuits. Il n’y a plus de place aux doutes, Drey t’aime aussi, il est juste incapable de le formuler comme le commun des mortels. Et franchement, tu t’en fous des moyens qu’il use pour te le faire savoir. Vous êtes sur la même longueur d’ondes et cela te suffit. Tu ne veux pas rompre ce moment de pure tendresse et de confession, tu souris contre ses lèvres suite à ses mots et tes bras s’enroulent autour de ses épaules. Drey, tu as toujours envie de lui, il parait que c’est le pouvoir de l’amour que tu portes pour lui. « J’ai cru comprendre ça oui. Cela dit, j’ai envie de manger autre chose aussi. » Murmures-tu non sans presser délicatement tes ourlets contre les siens. Tu souris davantage quand il évoque la douche et le fait de la prendre ensemble. C’est ça Ishtar, tu as envie de penser à deux maintenant. D’utiliser ce “vous” dont tu as toujours rêvé et qui se réalise à présent. Tout le reste te semble éphémère à cet instant. Ton père, ta rencontre avec lui, la prochaine confrontation, les problèmes que vous affrontez tous les deux. Tu t’en fous en fait parce qu’il sera à tes côtés Drey comme il vient de te le faire savoir. Peu importe la finalité de votre relation, peu importe ce qui arrivera, il sera là tout comme tu ne désires en aucun cas le lâcher non plus. « Et saches que peu importe ce que tu décides, ou ce que tu fais, peu importe où tu es, et avec qui, je resterai toujours à tes côtés» Tu fais exprès de reprendre ses propres mots comme si vous venez de signer un pacte entre vous ; l’impossibilité de vous éloigner l’un de l’autre. Vous serez là peu importe les aléas de la vie. Sans plus attendre, tu l’embrasse fougueusement comme pour finaliser ce nouveau contrat entre vous. Tu le serres doucement contre toi avant de te redresser, ta main dans la sienne. « Tu viens ? On va prendre une douche. » Parce que tu n’as aucune envie de le lâcher. Aucune envie de continuer la préparation des pâtes encore moins de parler de vos problèmes. Chaque chose en son temps et là, tu veux juste profiter de sa présence et rien d’autre que cela. Sans lâcher ses phalanges que tu sors avec tendresse, tu montes les escaliers qui vous amènent jusqu’à la salle de bain. Tu sais que ce soir, vous avez écrit une nouvelle page, où un “vous” a vu le jour, un nouveau pari bien plus jouissif et rassurant pour chacun de vous.