drey & leo

ever since i made tomorrow my favorite
day, i’ve been uncomfortable looking back

Il faut que j’arrive à voir les nombreux points positifs à cette foutue pandémie. Je vis dans un appartement assez spacieux, même si je n’ai pas de jardin, et j’ai énormément de temps pour travailler sur ma thèse de doctorat. Je dois par contre avouer que l’idée de rester enfermée me rappelle de bons comme de mauvais souvenirs, mais je pense gérer assez bien. Je me suis levée avec le soleil ce matin, laissant les rayons du soleil me chatouiller le visage. Les journées se ressemblaient tellement que je finissais au lit beaucoup trop tôt par rapport à d’habitude. C’est pas grave. Je me suis installée sur mon balcon avec ma tasse de café et la matinée fut douce, comme toujours. En arrivant ici, j’aimais beaucoup m’installer et observer le monde passer juste en dessous, m’habituant à la pollution et aux bruits d’animation qui faisait vivre cette magnifique ville ; mais récemment, j’ai appris à apprécier son calme et à profiter de la légèreté que la grosse Pomme pouvait aussi nous offrir. Rituel du matin depuis deux mois, soulageant cette légère douleur de devoir rester à la maison. Franchement, c’est bien ce que je disais : au fond, je n’ai pas trop à me plaindre.

J’alterne quelques activités sur une journée. J’aime lire un livre sur mon balcon, me mettre devant une bonne série sur Netflix, faire quelques exercices pour rester en forme, bosser sur mon mémoire et enfin, faire de la cuisine. Après la tasse de café je me suis penché sur quelques exercices de yoga pour bien me réveiller. J’ai enchaîné avec une douche avant d’aller me poser devant mon ordinateur et mes livres pour travailler deux bonnes heures. Je chipote à tout comme je peux, ajoutant un appel à mes parents fin de matinée. C’est quand je vais dans ma cuisine que je me rends compte que j’arrive au bout de mon stock de nourriture. Je me prépare des œufs, seulement inspiré par ça et quand j’ai tout terminé, mangé et rangé, je prépare mon attirail pour sortir et aller faire mes petites courses. Un masque sur le nez, mon sac dans les mains, je profite de cette sortie pour me rendre dans un magasin un peu plus loin que chez moi, malgré les quelques supérettes présentes à seulement quelques mètres ; mais un soda au gingembre, que j’apprécie tout particulièrement, on en trouve pas ici. Puis il y a quelques produits frais qui pourraient bien m’inspirer. Motivée et en forme, je me mets en route et profite de l’air frais sur ma peau.

Malheureusement, quand j’arrive devant le fameux magasin, il y a une petite file devant. Vu que j’ai fais le chemin, profitant pour prendre un peu l’air, je me contente de me joindre aux autres mais à une distance raisonnable. Je rêve du moment où j’enlèverais cet horrible masque qui m’empêche de respirer et c’est ce qui m’aide à patienter, en plus de mon téléphone. Je finis par pouvoir rentrer dans le magasin au bout d’une quinzaine de minutes. Je désinfecte mes mains. Merci. Et je remercie le jeune homme qui me tend un chariot qu’il venait de désinfecter lui aussi. Je m’avance à travers les rayons et commence par aller chercher le fameux soda au gingembre dont je rêve depuis hier soir. Je parcours ensuite chaque coin du magasin à la recherche d’inspiration avant de foncer, dans la lune, dans le chariot de quelqu’un d’autre. Excusez moi, je n’ai pas fait attention. dis-je en remettant mes cheveux en place. Je tire mon chariot vers moi, histoire de laisser la place à la personne que j’ai brutalement cogné. Je ne peux cacher ma surprise quand je relève la tête pour voir ma victime. Oh, Drey. Je n’arrive même plus à me souvenir de la dernière fois où je l’ai vu, me rassurant en me disant que c’était il y a plus de dix ans. Il n’a pas beaucoup changé en soit, même coiffure, même barbe, peut être quelques tatouages en plus, je ne sais pas trop. Je remarque les cernes sous ses yeux, la fatigue se lisant presque sur l’entièreté de son corps. Après, dans une ville comme New York, difficile de trouver quelqu’un qui n’est pas épuisé. Je m’attarde un peu trop sur les détails, je me rattrape assez vite. Ça fait longtemps. finis- je par dire, un petit sourire se dessinant sur le coin de mes lèvres. Difficile de ne pas souligner l’ironie dans ma remarque, quand on sait que j’ai mis un point d’honneur à ne pas l’inclure dans ma vie. Mais les profiteurs n’y ont pas leur place, comme les frères qui débarquent seulement quand ils en ont envie.