Nous vous demandons de faire votre fiche de manière narrative ; pas en listings ou points. Il n'y a pas de minimum de lignes, mais tout de même, développez votre histoire et ne rendez pas une fiche de dix lignes environ.

1er janvier 1985
Le jour de ma naissance. Le jour où tout a commencé.
Quand j’y repense, au fond je n’étais qu’une petite chose innocente qui ne demandait qu’à respirer en dehors du ventre de ma mère. Je suis née avec un mois d’avance. Selon ce qu’ils m’en ont dit, mes parents ne s’étaient pas du tout préparés à l’éventualité d’une naissance prématurée. Ils étaient chez des amis, en train de dîner pour le Nouvel An. Tu parles d’un Nouvel An, toi ! Ma mère a passé la nuit du réveillon à hurler comme une dératée tout en essayant de donner naissance à un bébé. Même moi aujourd’hui je reconnais que je n’ai pas été très cool sur ce coup-là. Mais bon, je trouve qu’ils me l’ont bien fait payer depuis le temps. Je pense que leur vengeance, ils l’ont eue.

1er janvier 1995
L’année où Jacques Chirac est devenu Président de la République Française. Vous vous demandez pourquoi, à l’âge de dix ans, je savais un truc pareil sur un pays situé à plus de six heures de vol de New-York ? Eh bien, disons simplement que j’ai toujours été une enfant très intriguée et intéressée par le monde qui l’entourait. Je piquais les livres d’Histoire de mon père et lisais le journal comme une grande. Ne vous méprenez pas pour autant, je ne comprenais pas la moitié de ce que je lisais mais l’information concernant la politique française de l’époque m’avait marquée. Peut-être que c’est là qu’un déclic s’est fait en moi sans que je m’en rende vraiment compte. Ah au fait, si ça vous intéresse, le jour de mon dixième anniversaire, la Suède, l’Autriche et la Finlande ont rejoint l’Union Européenne. Plutôt classe, non ? Il s’en passe toujours des belles au cours du premier janvier.

1er janvier 2005
J’ai vingt ans. Et contrairement à l’année de mes dix ans, autant dire que 2005 a vraiment été une année de merde. Mes grands-parents sont décédés dans un accident de voiture, le pays était en guerre dans des pays lointain, il y avait des attentats terroristes partout et mes parents ont commencé à s’engueuler plus que nécessaire concernant mon avenir. A vingt ans, j’étais déjà entrée à Columbia dans le but de suivre un cursus de Droit/Science-Politique, ce qui n’a pas du tout, mais alors pas du tout plu à mon père. D’origine italienne, le bougre a un sacré caractère et savoir que sa fille refusait de suivre le même chemin professionnel que lui…ah ça ne lui a pas franchement fait plaisir. Mais ses cris et nos disputes ne m’ont pas pour autant fait flancher. J’ai gardé le cap et j’ai continué mes études de droit, coûte que coûte.

1er janvier 2010
Pas de saut de dix ans en avant vous allez me dire, eh non. Non parce qu’il est important que vous compreniez ce qu’il s’est passé en cette année 2010. J’étais amoureuse d’un homme comme je n’avais jamais été amoureuse. Nous étions ensemble depuis trois ans, tout allait du mieux possible. Sauf que voilà, il y a un truc chez les Lazzari qui fait que, dès que vous êtes heureux, on doit tout venir faire capoter. Merci papa, merci maman. Ce bel homme et moi devions nous marier le 14 février, le jour de la Saint Valentin. Oui, je sais, c’est super cliché comme date de mariage mais on n’avait pas eu d’autre choix avec la mairie de New-York. Bref, donc nous devions nous marier le jour des amoureux, comme ils disent. Ah, tout était prêt. Tout de tout. Même la lettre que m’a adressé mon bel éphèbe qui ne s’est jamais présenté à la mairie à onze heures comme il était convenu de le faire. J’étais dans ma belle robe de mariée quand on m’a tendu la fameuse enveloppe contenant la vérité sur mes parents. Ces deux enflures avaient fait du chantage à mon compagnon pour qu’il laisse tout tomber entre nous avant qu’il – je cite – ne soit trop tard pour revenir en arrière. Selon eux, j’étais bien trop jeune pour me marier et cet homme ne me rendrait jamais vraiment heureuse. Je leur en foutrais du bonheur moi ! Qu’est-ce qu’ils en savaient ? Rien, ils n’en savaient rien du tout mais cela ne les a pas empêchés de foutre mon mariage en l’air. Résultat, le 14 février 2010, j’ai fini la soirée chez une très bonne amie : Angelica, qui a servie d’épaule sur laquelle j’ai pleuré toute la nuit en me gavant de chocolats. Oui, si vous vous posez la question, j’ai chopé une crise de foie et je m’en suis voulu comme jamais. Mais autant vous dire qu’une crise de foie, comparée au chagrin d’amour que j’ai vécu, ça n’était rien du tout.

Ah au fait, l’année 2010, c’est aussi celle où j’ai été diplômée en droit. Mais avouez que c’est quand même une information beaucoup moins juteuse que le foutage en l’air de mon mariage, hein ?

1er janvier 2015
Ma cinquième année en tant qu’avocate au barreau de New-York.
C’est au cabinet Sutter & Meyer que je travaille depuis que j’ai obtenu mon diplôme, un cabinet affilié à celui de Londres où j’ai fait mon dernier stage d’études. Je suis respectée de mes paires même si je ne suis pas idiote, j’entends les murmures dans certains bureaux de mes collègues masculins. C’est quand même fou de penser que parce qu’ils portent une paire entre les jambes, ils sont plus forts et plus intelligents que moi. Qu’ils aillent se faire ! J’ai fini major de promotion, ça veut bien dire ce que ça veut dire.

1er janvier 2018 - à venir
C’est une nouvelle année qui va commencer pour moi.
Je vis toujours à New-York et j’en suis très heureuse. J’aime ma vie ici, même si d’un point de vue personnel, on ne peut pas franchement dire que j’ai la plus belle des vies. Je n’ai pas de mecs, je ne parle toujours pas à mes parents, hormis un appel vite fait pour leur souhaiter de bonnes fêtes (quoi ? Je ne suis pas un monstre, non plus) et je passe plus de temps au boulot que chez moi. Concernant ce dernier point, je ne m’en plains pas, j’adore ce que je fais et maintenant que je vise le poste de Senior, croyez-bien que je ne lâcherais rien du tout. Je bosse toujours dans le même cabinet et je compte bien faire en sorte qu’ils me nomment Senior Associate, que j’achète enfin une partie des parts du cabinet et que je me fasse des couilles en or. Pardon, c’est vrai que pour cette partie-là, c’est plus compliqué me concernant. Pourquoi on ne dit jamais « un vagin en or », hein ? Putain de monde de machos !